Il est temps pour moi de prendre position au sujet des influenceurs, influenceuses et des valeurs véhiculées à travers eux. Je n’ai, pour ma part, pas souhaité en être une.

Mon métier, c’était animatrice radio et journaliste en presse écrite. Lorsque j’ai ouvert mon blog La Vie Bohème il y a un peu plus de 2 ans, c’était par besoin, quasi viscéral, de raconter mon monde intérieur débordant et de transmettre mes rêves et mes valeurs à des lecteurs. J’avais envie, à cette période, de renouer avec la plume que j’avais délaissée, épuisée après une longue période intense au sein d’un grand magazine.
Avec 2147 connexions le premier soir, le lancement de mon blog a été un succès. J’ai compris, dans les jours qui ont suivi, que cette aventure allait peut-être être plus sérieuse que ce que j’avais imaginé et ai alors développé mon profil Instagram pour promouvoir La Vie Bohème. Passionnée par l’image et adorant m’exprimer également par ce moyen, mon flux Instagram a du devenir intéressant car une communauté grandissante, en plus de celle qui me suivait déjà depuis mon époque radio, s’est formée. Les marques ont rapidement commencés à me proposer des partenariats, des collaborations, des contrats. Inévitablement, j’ai glissé, et ce, sans m’en rendre compte, dans la catégorie de celles qu’on appelle, les « influenceuses ». 

C’est là que le bât me blesse.

Aujourd’hui, influencer sur Instagram, c’est bien souvent, dans la conscience collective, faire parti de cette communauté de femmes et d’hommes superficiels et égocentrés, prônant la surconsommation, la réussite par l’argent, le pouvoir par l’attraction sexuelle qu’ils suscitent, et la possession – sans limite- de matériel. C’est faire parti de cette masse d’humains lisses et parfaits qui poussent les gens à consommer de la marque, des fringues, du make-up, toujours plus, encore plus. Qui complexent les filles, les jeunes hommes, les jeunes femmes et les jeunes parents, entre autres, en exposant une vie de rêve supposée. Qui banalise l’humain et se réduit soi-même à n’être qu’un corps, une coquille, lisse et vide, au travers de photos souvent sexualisées. Une poupée, homme ou femme, désirable, qui expose un mirage fantasmagorique à la planète entière. A coup de hashtags sponsorisés, bien sûr. Car ça rapporte de s’exposer. Attirant par la même occasion énormément d’opportunistes intéressés par le gain, qui sont prêts à vendre leur âme et à créer un personnage d’une superficialité parfois insupportable pour gagner le plus possible d’argent. Si t’as une belle gueule, un beau corps et un photographe pas trop mauvais, tu peux cartonner. Alors à quoi bon avoir des valeurs et des principes dans cette jungle où le cash qui coule à « flow » peut te transformer en gosse millionnaire à 16 piges?

Face à ce cliché de l’influenceur et à cette catégorie d’Instagrameurs à laquelle je ne me sens pas appartenir, il est temps pour moi de prendre position.

Aligner mes valeurs avec mes actes
Comme chacun d’entre vous, mon parcours de vie est en mouvement. J’évolue constamment dans mon éthique. Ainsi, mes valeurs dont les contours n’étaient pas toujours nets, se dessinent de plus en plus clairement au fur et à mesure que j’avance dans mes réflexions. Je me sens prête à adopter une ligne de conduite qui naturellement, me permettra d’aligner ce que j’appelle mon coeur, mes valeurs, avec mes paroles, mes actes, ce qui émane de moi et qui est transmis aux autres… dont notamment cette communauté qui interagit avec moi et qui est intéressée par mon chemin.
De manière concrète, cette prise de position signifie refuser sans équivoque les propositions de partenariats avec les marques qui ne correspondent pas à ma ligne de conduite. Et il y en a beaucoup et souvent. Cela veut par conséquent dire renoncer à des rentrées d’argent. Pour moi qui suis indépendante, avec de petits revenus, c’est une décision non négligeable et lourde de conséquences.
Je sais que cela va me fermer des portes. Mais je pense aussi que cette position affirmée publiquement m’en ouvrira d’autres. Je choisis d’avoir confiance en la vie et en mes ressources. Je sais que j’arriverai, d’une manière ou d’une autre, à combler ce manque à gagner autrement.
Donc cette prise de position implique que je choisis désormais en toute conscience l’insécurité, à l’argent facile. Je choisis ma vérité pour pouvoir me sentir alignée avec moi-même et mes valeurs. 

Je ne suis de loin pas parfaite!
Et si cette prise de position est un grand pas pour moi, je souhaite mettre l’accent sur le fait que je suis en pleine évolution au sujet, notamment, de l’écologie et de mon mode de vie. Je ne fais pas tout juste, loin de là, et ne ferai pas tout juste encore ces prochaines années! Il y aura sans doute encore des incohérences. J’apprends! Je me sens être une petite fille au niveau du mode de vie de demain, une enfant en plein apprentissage… Comme beaucoup d’entre nous. Pour le clin d’oeil, j’aime tout particulièrement la façon dont Frah, le chanteur de Shaka Ponk (très concernés par le sujet et qui ont lancés un projet environnemental), remet le monde à sa place: « En matière d’écologie, on est tous nuls à chier! » Voilà! C’est un raccourci certes, mais soyons sincères, c’est plutôt bien résumé. Il est question d’être humble à ce sujet.

Mon but à moi est de me créer un mode de vie que je trouve plus sain et plus respectueux de la planète.
Il n’est pas question, du moins pour le moment, d’entrer dans une extrême, de ne plus avoir d’électricité chez moi, ne plus avoir de voiture, me maquiller uniquement avec des produits maisons et cultiver suffisamment de légumes pour ne plus avoir à mettre un pied dans un magasin! Non! Mon but aujourd’hui est de trouver un équilibre qui sonne et résonne de manière juste, -pour moi-. Tout en gardant une petite part d’insouciance mesurée. Ceci implique un changement de vie important et c’est à cet endroit là que je me trouve.
Enfin puisque tout changement important ne peut pas arriver d’un claquement de doigts, sachez au passage que j’ai encore des contrats avec certaines marques, dont 1 ou 2 qui courent encore quelques mois. Pour ceux qui me suivent le plus, ne soyez donc pas surpris de me voir promouvoir quelques produits « normaux » (pas terriblement non écolo, car je les ai pour ainsi dire toujours refusés, mais pas super écolo non plus). Je dois honorer mes engagements et je le fais avec professionnalisme. Tout est dans la mesure. Acheter une paire de chaussure de temps en temps n’est pas destructeur (Surtout si celles-ci sont de QUALITé et prêtent à nous durer des années, ou si l’on choisi bien sa marque et que celle-ci est éco-responsable ou a une véritable charte éthique!) . La SURCONSOMMATION l’est. Tout est question d’équilibre et je pense que toute transition et changement profond et donc durable doit être pensé avant tout de manière intelligente. Les changements radicaux sont « excitants », « vendeurs » et font rêver, mais s’apparentent, souvent hélas, à des feux de pailles. Je ne veux pas d’un feu de paille dans ma vie. Je veux un changement profond de mon mode de vie et de consommation, et ce, jusqu’à la fin de mes jours.

« Influenceur », bon ok, mais responsable!
Pour en revenir aux influenceurs… Etant blogueuse, ayant une présence sur Instagram et une communauté déjà développée, puis-je réellement échapper à cette étiquette? Je crois que c’est utopique de ma part. Mais si on choisit de m’appeler « influenceuse », je choisis quant à moi de m’appliquer à « influencer » les gens de manière alors positive et en accord avec mes valeurs! Car l’influence qui parait aujourd’hui terriblement péjorative pourrait finalement devenir bonne et constructive. Ne serait-il pas temps de laisser émerger et de valoriser un nouveau type d’influenceurs? Ceux qui ne prônent pas la surconsommation, mais la consommation raisonnée?
Me concernant, je choisis dans cette prise de position d’influencer et d’inspirer ceux qui me suivent dans un sens créatif, conscient et spirituel. Je souhaite que ceux-là puissent trouver en moi, non pas une icône prônant la surconsommation, mais une femme inspirante dans leur développement personnel, leurs rêves, leurs questionnements, leur vie quotidienne, leurs petits plaisirs, leurs valeurs, leurs bien-être profond. L’influenceur 2020 à mes yeux contribue à l’ouverture des consciences en parlant dans ses « hauls » sur YouTube ou IGTV de produits naturels qui ont révolutionné sa routine beauté, au lieu de dérouler sans cesse le tapis rouge à ceux qui ne sont que du poison dans un emballage à paillettes. L’influenceur 2020 poussent les autres à se questionner sur ses valeurs, son mode de vie, son évolution. Il invite à repenser la consommation. Il éduque sur une économie circulaire et promeut le White Monday à l’instar du Black Friday. Il fait la promotion du seconde-main plutôt que d’acheter des fringues kleenex qu’on porte une fois et qu’on jette.

Quant à moi, ce qui me fait vibrer, c’est écrire ce que je crois être le chemin de la liberté et du bonheur. Donner des clés, à mon niveau, pour apprendre à écouter son coeur. Souffler comment élargir sa vision des choses, ou comment vivre la maladie d’un proche, un décès. Comment apprendre à rêver, puis suivre ses rêves. Et puis montrer les miens de rêves. Proposer une escapade dans mon monde formé de déserts, de chevaux, de vieilles boots aux pieds, de soleil, de musique folk, blues, country. Vous parler aussi de mes découvertes éco-responsables… 

Et si on continue de me confondre avec un influenceur dans ce qu’il a de cliché… je ne peux alors rien faire de plus que m’appliquer dans ce que je montre et promeus. Et continuer de valoriser, comme des centaines, des milliers d’autres, l’influence responsable.

Merci de m’avoir lue.
Mise à jour début 2021: En ce sens, j’ai crée en mars 2020 la plateforme ConsommezLocal.ch qui a pour but de valoriser les petits commerces, petites marques, artisans et producteurs suisse et locaux. En quelques mois, plus de 500 indépendants s’y sont inscrits gratuitement et sont aujourd’hui répertoriés et géolocalisés sur la plateforme. Je vous invite, chers lecteurs suisses, à aller consulter le site pour y découvrir les petites pépites locales insoupçonnées tout autour de chez vous! 

8 Comments

  1. Bravo Céline pour ce magnifique article !! Je ne peux que te féliciter pour cette ouverture d’esprit et de cœur envers notre Terre bien aimée. Nous sommes dans la même démarche que toi et notre projet de voyage est aussi en quelques sortes une occasion pour nous de nous délester de l’inutile et de juste garder l’essentiel ❤️
    Je t’embrasse
    Nicole de Océchou Papers et Four Fly Away

  2. Salut Céline,

    Je te connais uniquement au travers de ton image, de tes lectures et tes posts. La vie 2.0 est quand même une drôle d’invention. Elle a ses avantages; la facilité, les découvertes (voyages, bons plans, recettes et j’en passe) et puis il y a tout cet aspect de la sur-exposition, du jugement, parfois, et de l’éternelle question « que faire de ça ». Je me rends compte que je fais également du tri dans les « suivis de gens inconnus » et privilégie ce qui me fait du bien, plaisir et qui peut potentiellement m’apprendre qqch et m’ouvrir l’esprit. En bref, j’ai le sentiment de te connaître un peu et les réflexions que tu as sur l’écologie, nos modes de vie, la consommation, le tri etc sont au centre de mes réflexions ces derniers temps. Ma petite famille et moi, avons commencé à agir depuis quelques années. Et ôhh ça fait du bien à soi !! Si chacun s’y mettait à petits pas de fourmis, on arriverait à des pas de géants ! « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité » 🙂 Je me demande souvent ce qui me tient à cœur dans la vie en général. Bien sur, il y a mon mec, ma fille, ma famille nombreuse, mes amis mais j’avais tendance à me dévaloriser avec des pensées négatives du style : ok t’es éducatrice spécialisée, tu agis pour le bien des enfants, des ados, tu te donnes à fond et après quoi ?!? Ben, j’ai ma réponse depuis peu ; mon comportement pour préserver notre planète, être attentive à ce que je consomme comment et quand, réinventer mon mode de vie et aller au bout de ces résolutions sont désormais des objectifs de vie au quotidien qui me tiennent à coeur. Je suis véritablement sensible à ce mode de consommation mais je peine encore à l’assumer au risque de passer pour une saucisse qui se met au diapason de la mode et de la tendance ! Non, je souhaite l’assumer et le revendiquer sans pour autant tomber dans l’extrême. Je réfléchis sérieusement à diminuer mes déplacements en voiture. Mais voilà, j’ai une petite fille qui va à l’école, j’ai un job et une vie sociale bien remplie ! Alors, je fais peu à peu différemment et c’est clairement très proche de ce que tu fais. Comme je te l’ai déjà écrit dans un post précédent (insta), fini les savons industriels mais cocooning (www.coconning.ch) , produits ménagers faits maison (recettes partagées avec plaisir), composte pour le jardin, viande rarement mais du boucher du bled, oeufs du bled, légumes/fruits de saison avec des petits extra exotiques, pain maison, tri et ré-utilisation de meubles ou juste les déplacer plutôt de racheter et super résolution depuis la rentrée de janvier : faire ses menus à l’avance. Résultat : moins de dépenses, moins de déchets et un gain de ouf dans son énergie et son organisation ! On aime se faire plaisir, bouger, skier, voyager. Ne nous laissons pas envahir par l’extrême, respectons nos choix et soyons congruents (c’est grave une expression d’éduc haha) et cohérents.

    J’ai beaucoup écrit, excuse-moi si c’est trop. Mais je trouvais intéressant de te répondre ou simplement te merci et bravo pour ton honnêteté. Le petit bout de chemin que tu fais en ce moment est riche et peut procurer un certain plaisir, voire de l’épanouissement. Tu sais, il me semble aussi que les bonnes vieilles méthodes refont surface et que les gens souhaitent revenir aux sources (toutes confondues). La prise de conscience fait son bout de chemin.

    Si ça t’intéresse, c’est une amie http://lausanne-envrac.ch/

    Voilà, à bientôt et keep going
    Karen

    • La Vie Bohème Reply

      Coucou Karen,
      Merci beaucoup pour ton long commentaire qui m’a fait très plaisir. J’ai aimé le lire et connaître ton évolution à toi et ta famille également. Bravo pour ces premières actions, importantes, que tu as mis en place.
      C’est très inspirant aussi!
      Merci à toi et mille bises!
      Céline

  3. Bravo Céline ! Pour tout te dire, j’ai découvert ton site il y a quelques semaines et suis tombée en amour en lisant ton article « Mais au fait, être bohème, c’est quoi?! ». J’avais regretté qu’il n’y ait pas de démarche vraiment écolo en parallèle (moi qui suis en plein dedans), mais je continuais de te suivre. Je suis ravie et heureuse de lire les directions que tu souhaites prendre. Encore bravo, et merci pour ta sincérité. Comme tu le dis si bien, personne n’a une démarche parfaite, mais l’important c’est de commencer, s’y mettre, avancer, tester, trouver ses propres solutions, son juste milieux, et réaliser son cheminement personnel.

    • La Vie Bohème Reply

      Merci beaucoup Nina pour ton commentaire et tes encouragements!
      Belle suite à toi!
      Céline

  4. Céline.

    Vous faites un arrêt sur image qui me plaît. Votre prise de conscience est louable. Je vous félicite pour le virage que vous allez négocier avec succès.
    Intelligente, jeune et vive vous avez tous les atouts jouez les !
    En surfant sur la toile à la recherche d’une influenceuse, je suis tombée sur votre page.
    Vos reportages sont attractifs, vos photos superbes et à la hauteur de votre plastique, votre évolution spirituelle émouvante.
    Je renonce donc à trouver en vous la personne que je recherchais pour me donner le coup de pouce dont j’ai besoin.

    Mes souhaits vous accompagnent Céline.
    Demandez au Ciel de guider vos choix et de vous protéger.

    • La Vie Bohème Reply

      Quel magnifique commentaire Marie-Ange (votre prénom semble si bien vous aller!) Merci beaucoup pour vos mots qui me vont droit au coeur et me touchent immensément!
      Douce pensée vers vous,
      Céline

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